F4U-1D Corsair - 1st. Lt. Dean Caswell - USMC VMF 211 - Hasegawa 1/72

Celle-ci a quelque chose de particulier… C’est véritablement la première maquette que j’ai faite. Je me souviens que ma mère m’avait emmené dans un magasin de jouet qui avait un rayon maquette fort bien achalandé. C’était la norme, à l’époque. Les maquettes étaient considérées par beaucoup d’enfants comme un jouet désirable. Elle avait demandé conseil au vendeur, et force est de reconnaitre que celui-ci ne s’était pas trompé. C’est un modèle simple, composé de peu de pièces, et qui se monte relativement facilement.

Pas besoin de matériel, comme je l’ai décrit dans mon post « nostalgie », avec un grand frère maquettiste (mais absent et on va voir que ça a eu son importance), je considérais avoir tout ce qu’il me fallait.

Et puis oh eh, hein, bon, je devais bien avoir 8 ans, alors ce n’est pas une petite maquette qui allait me faire peur ! J’avais vu faire mon frère, et il allait voir à son retour qui était l’artiste !

Ouverture de la boite avec la patience du gamin de 8 ans que j’étais, émerveillement. Ouah trop classe… Mais tout de suite quelques interrogations, et surtout une notice avec plein de petits caractères en "spaghetti" que je ne comprends pas... Ah bah oui, Hasegawa est une marque japonaise, et mon frère à l’époque ne montait essentiellement que du Heller ou du Revell… Bon, quelques doutes subsistent, mais ce n’est pas grave, je vais improviser.

Par contre, je ne comprends pas comment détacher les autocollants, ils sont bizarres. Je pose rapidement la question à ma sœur, avec peu d’espoir puisque c’est une fille et que dans mon esprit, elle n’y connait rien aux « trucs de gars ». Mais il se trouve qu’elle a souvenir d’avoir vu le « frangin » les tremper dans l’eau « ou quelque chose comme ça ». Ah, tiens, pas inutile la frangine.

On y va, donc. Couper, ça je sais faire, avec un cutter ou un couteau. Alors comment dire… Bon, en fait vous savez. Le cutter, pourquoi pas, encore que celui que j’ai ait été bien trop gros (genre modèle « homme »). Le couteau va être rapidement évacué : même à 8 ans on comprends assez vite certaines choses. C’est l’apprentissage par l’expérience ! Avec le recul, c’est tout de même miraculeux que je ne me sois pas blessé !

Pour la colle, je vais utiliser le vieux tube disponible à la maison. Pas d’aiguille, cure dent ou autre pour déposer la colle avec parcimonie, non non, je vais faire ça de façon bien dégueulasse, avec des empreintes et des coulures. Mais que voulez-vous, une première maquette se devait d’avoir des empreintes et des coulures, c’était au cahier des charges !

Pour les couleurs, dans la boite de mon frère il y a un bleu métallisé Humbrol (genre bleu Alpine) du bel effet, ça va claquer ! Il y a aussi du jaune pour faire l’anneau sur le capot, et même de l'alu et du noir mat, que demande le peuple ! Mais quand j’ouvre le couvercle du pot jaune avec la pointe d’un ciseau pointu (que je casse au passage), c’est tout sec à l’intérieur… Déception, une fois encore. Curieux, je tâte cette peinture de la pointe du ciseau et Oh, miracle, il y a de la peinture bien épaisse dessous ! Formidable, me voilà sauvé !

Donc, ce premier Corsair, et cette première maquette, sera terminé. Les « vrais » maquettistes savent que terminer une maquette sans se disperser sur une autre, c’est déjà un exploit. Alors oui, il va avoir ses défauts. La couleur critiquable, l’anneau jaune peint à main levé avec une peinture épaisse qui forme des croutes, des coulures et empreintes de doigts à droite à gauche, le train de travers car la colle a été posée à même la peinture… Et des décals déchirés, car laissés trop ou pas assez longtemps au fond d’une coupelle d’eau, et maltraités avec les doigts.

Il a fini après plusieurs combats aériens et casses successives à la poubelle, comme toutes mes « œuvres » de cette époque. Il est temps de prendre ma revanche !

J’ai donc retrouvé le boitage d’origine (édition 1983) de cette maquette, avec l’autocollant de l’importateur Soclaine. J’ai monté cette maquette en même temps que mon fils montait son propre Corsair, avec l’aide de papa (voir l’article sur le F4U-1A). Ça a été un plaisir particulier : nos deux premières maquettes auront été des Corsair. A lui le F4U-1A, à moi le F4U-1D. Mon blog s’appelle « Plasticfutile », mais ce moment-là n’a pas été si futile que ça. Un peu émouvant, même…

Re-boitage de 1983 de la maquette lancée en 1981

Que dire la maquette : excellent choix pour démarrer. Simple, peu de pièces, néanmoins la restitution des formes est correcte. Bien sûr elle est gravée en relief mais c’est plutôt fin. Les ajustements sont globalement bons, les découpes intelligentes.

L’avion lui-même est le bien connu F4U-1D. Comparativement aux versions précédentes, il est équipé du moteur R-2800-8W Double Wasp à injection d'eau, avec à la clé un gain de 250ch. Il vole à 425mph (684km/h). La canopy perd les montants supérieurs ce qui permet de gagner en visibilité. La charge utile est augmentée, pour les roquettes sous voilure et les réservoirs ou bombes sous pylônes ventraux.

F4U-1D du VF-84 sur le pont de l'USS Bunker-Hill le 16/02/1945 (https://www.asisbiz.com)

L’avion représenté est celui du 1st. Lt. Dean Caswell de la VMF-211, embarqué sur le porte avion USS Bunker Hil en février 1945. Il porte les flèches qui identifient les avions rattachés à ce porte-avions (tous les avions embarqués ont des marquages propres à leur porte-avions), et l’anneau de capot jaune montre qu’il a participé au raid sur Tokyo le même mois.

F4U-1D VMF-211 183 au dessus de okinawa (https://www.aviationarthangar.com)

L'USS Bunker Hill est un porte-avions de classe Essex, baptisé en référence à la bataille de Bunker Hill pendant la guerre d'indépendance. Il a été mis en service en mai 1943 et envoyé dans le Pacifique. Lors de l’invasion de d'Okinawa, il a subi des attaques kamikazes. Deux avions ont atteint leur cible, entrainant un incendie de très grande ampleur sur le navire. Près de 400 marins ont péri ou sont disparus ce jour-là, sans compter les blessés. Le bateau a réussi à rejoindre les Etats Unis et a été réparé, mais pas suffisamment rapidement pour reprendre la mer avant la fin du conflit.

L'USS Bunker Hill en flamme après l'attaque Kamikaze le 11 May 1945 (https://ww2db.com)

Le 1st. Lt. Dean Caswell a remporté ses 3 premières victoires le 28 avril 1945, quand six Corsair de le VMF-221 rencontre une trentaine d'avions japonais qui essayaient d'arrêter les débarquements américains sur Okinawa. A la fin de la seconde guerre mondiale, Caswell est crédité de sept victoires aériennes confirmées. Il est connu pour n’avoir jamais été touché lors de ses combats, ramenant toujours un avion intact. Il a la particularité d’avoir aussi participé aux guerres de Corée et du Vietnam. Il a reçu la Silver Star, trois Distinguished Flying Crosses et cinq Air Medals.

1st Lt. Dean Caswell, USS Bunker Hill, 1945 (https://www.dclarkeevans.com)

Début d’assemblage de cette maquette qui ne réserve aucune mauvaise surprise ! L’intérieur est peint avec la teinte Vallejo Refractive Green 70.890. Le harnais est peint en trompe l’œil, des décals sont fournis pour la planche de bord et les consoles. La verrière étant monobloc et avec un effet loupe, l’ensemble est bien suffisant pour du 1/72.

On ferme rapidement le fuselage, et commence à peindre quelques détails sur les grappes. Le montage est sans surprise et rapide.

Peu de mastic s’avère nécessaire. Seul le raccordement aile / fuselage sur le dessous nécessite un peu d’attention.

L’avion reçoit ensuite 5 couches bien diluées de Dark Sea Blue 70.898, y compris les puits de trains et l’intérieur du capot. Seul l’anneau est traité en jaune, ce qui ajoute une touche de couleur bienvenue.

Un support improvisé permet de préparer la dépose du vernis brillant avant la pose des décals.

La pose des décals d'origine débutent. Ils sont restés impeccables (bien qu'un peu fragiles), et réagissent assez bien aux Micro sol & Micro set.

On pose la canopy, et passe un voile de vernis satiné. On peint les feux de navigation en y ajoutant une touche de vernis brillant. Vient le moment des finitions avec la pose des trains, trappes, antennes, réservoir ventral… Quelques éraillures très discrètes, un peu de pigments au niveau des échappements et bouches de mitrailleuses, et le voilà prêt à rejoindre la vitrine !

Finalement, que du plaisir avec ce montage rapide et qui donne un résultat tout à fait valable vu le peu de temps consacré ! Le mauvais traitement infligé à la V1, réalisée du haut de mes huit ans, est maintenant vengé !