Passons maintenant à deux phases, l'une qui inquiète et l'autre non. A tort.
Celle qui inquiète est la réalisation du jus, destiné à souligner les lignes de structures. Pourtant, cette étape est assez facile et se passe généralement bien.
Celle qui ne suscite pas d'inquiétude chez le débutant est la pose des décalcomanies. C'est pourtant de mon point de vue l'une des plus difficiles à réaliser correctement. Mais pas de panique, nous allons voir ensemble comment la mener à bien.
Première étape, donc, le jus.
Le principe est d'utiliser une peinture bien diluée, qui n'attaque pas la peinture de base, et de diffuser par capillarité cette peinture dans les lignes de structures.Les bavures et débordements seront essuyés avec un coton-tige imbibé de diluant.
Pour que cette phase se passe bien, il faut deux pré-requis:
- la base doit être brillante,
- la peinture utilisée pour le jus doit être d'une composition différente de celle utilisée pour la base.
Pour ce qui est du premier point, soit on a utilisé directement une peinture brillante, comme c'est le cas ici, et tout va bien. Soit on a utilisé une peinture matte ou satiné, auquel cas il faudra impérativement recouvrir la maquette d'un vernis brillant. Ce dernier sera de la même composition que la peinture de base (vernis acrylique si vous avez utilisé une peinture acrylique, et vernis enamel si... enfin vous avez compris).
Pour ce qui est du second point, si la base a été peinte avec de la peinture acrylique, le jus sera réalisé avec de la peinture enamel ou, mieux encore, avec des huiles d'artistes diluées à l'essence à briquet. Si la base a été réalisée avec une peinture enamel, le jus sera réalisé avec une peinture acrylique, comme c'est le cas ici.
Bien, passons donc à la réalisation de ce jus. Nous allons utiliser le pinceau moyen pour le préparer, et le pinceau fin pour le déposer sur la maquette.
Voici le matériel nécessaire, pour un jus acrylique:
- De la peinture acrylique,
- De l'eau pour diluer le jus et nettoyer le pinceau,
- De l'alcool pharmaceutique (70°),
- Un bouchon de plastique,
- De l'essuie-tout,
- Des cotons tiges.
Une vielle maquette peut être utile pour tester le jus et s'entrainer. A défaut, une carte de plastique dans laquelle vous aurez tracé des lignes, avec le dos d'un cutter et en suivant un réglet, peut faire l'affaire.
Pour ce qui est de la couleur du jus, tout est affaire de gout... Les teintes sépia ou grises sont souvent bien adaptées. Sur cette base gris clair, un jus gris foncé a un bon rendu.
Préparation du jus.
On dépose de la peinture dans un bouchon de bouteille. La consistance est ici très épaisse.
On ajoute un peu d'eau à l'aide d'une seringue, ou d'une pipette. Au passage, une paille dont on bouche une extrémité avec un doigt fait une excellente pipette pour très peu de brouzoufs...
Et on mélange jusqu'à obtenir une consistance proche du café, fluide mais opaque.
Vous n'y arriverez pas du premier coup, et c'est normal! Mais en vous entrainant sur une vielle maquette, ou sur la carte dont j'ai parlé plus haut, vous allez trouver la bonne consistance et le bon tour de main.
Enfin, l'avantage du jus est qu'il n'est pas dangereux pour la maquette, puisqu'il peut être facilement éliminé avec de l'essuie-tout imbibé d'alcool.
Avec la pointe d'un pinceau fin, on prélève le jus, et on le dépose le long des lignes de structures. S'il a la bonne consistance, vous allez le voir se répandre dans les lignes presque tout seul. Il y aura nécessairement de petits débordements, mais vous allez le voir, sans conséquence.
Une aile entièrement traitée (le jus n'est pas tout à fait sec). Les lignes ne sont pas très nettes. Nous allons y remédier.
On trempe un coton-tige dans l'alcool, et on le presse sur de l'essuie-tout pour qu'il ne soit que légèrement humide.
On essuie délicatement le surplus de jus en passant le coton-tige dans le sens du vent, c'est à dire parallèlement au fuselage. Seul le jus dans les lignes de structure reste en place, et on obtient des lignes bien nettes.
Si jamais vous avez enlevé trop de jus, c'est sans conséquence, cette opération peut être recommencée plusieurs fois.
En effet, le diluant utilisé (ici de l'alcool à 70°) n'attaque pas la couche de base (de l'enamel).
On procède par zone. Ici le jus déposé sur une partie de l'autre aile.
L'excédent à été enlevé avec un essuie-tout légèrement imbibé. Notez la peinture sur ce dernier: on en enlève très peu!
Les deux ailes traitées. Le jus casse la monotonie de la couleur de base, et fait ressortir les lignes de structures. Il faut toutefois éviter un jus noir, un peu trop "caricatural"...
Mon jus n'ai pas le plus réussi de ceux que j'ai eu l'occasion de réaliser jusqu'à maintenant, à cela deux raisons:
- la gravure des maquettes matchbox manque de précision,
- le jus acrylique est de mon point de vue moins efficace que le jus à l'huile.
Mais le résultat n'est pas trop mal, malgré tout.
L'intrados des stabilisateurs ainsi traité.
Une vue globale du jus sur toute la partie inférieur de l'avion.
Une fois cette opération terminée, et après avoir laissé le jus sécher, on poursuit nos opérations par la peinture de la bande anti-reflets.
Pour obtenir des délimitations nettes, l'utilisation de la bande cache est indispensable. En plaçant la première sur un flanc du fuselage, on se rend compte que la ligne formée ne correspond pas à notre besoin.
On trace au crayon, sur la bande en place, la ligne désirée.
Mais comment être sûr que nous parviendrons à faire la même ligne sur le flanc opposé?
On va, pour s'en assurer, utiliser un gabarit. La bande cache, avec son trait de crayon, est décollée de la maquette, et collée sur un bout de carte plastique.
On découpe avec des ciseaux à la fois la bande cache et le gabarit.
La bande cache est remise en place.
Pour l'autre flanc, il suffit de coller une nouvelle bande sur le verso du gabarit, et de suivre se dernier pour la découpe.
Ainsi, nous sommes sûrs que les deux lignes sont bien symétriques.
Mise en place de la deuxième bande.
Peinture des pourtours.
Remplissage avec une première couche légèrement diluée.
Deuxième couche.
Puis démasquage...
Pas mal...
Bien. Passons maintenant à la pose des décals.
Les outils dont nous allons avoir besoin sont les suivants:
- Une coupelle d'eau tiède avec un petit morceau d'éponge,
- Une pince à épiler,
- Des cotons-tiges,
- De l'essuie-tout,
- Des pinceaux et notamment un pinceau plat,
- Des ciseaux en parfait état,
- Un réglet,
- Un couteau X-acto avec une lame neuve,
- Des solutions pour assouplir les décalcomanies et augmenter leur adhérence (pas obligatoire, mais recommandé).
Les risques à ce stade sont assez nombreux. Casser la décalcomanie, la voir s'enrouler sur elle même, etc... Pour cela, il n'y a pas 36 solutions, c'est d'abord un respect du mode opératoire que je vais décrire, et surtout du calme et de la patience.
Le risque principal concerne ce que les maquettistes chevronnés appellent le silvering. C'est un vilain effet de métallisation du film support, qui fait que ce dernier devient particulièrement visible, et gâche quelque peu la finition...
Cet effet provient des minuscules bulles d'air qui se trouvent emprisonnées sous le décal. A dire vrai, c'est ce que, pour ma part, j'ai le plus de difficultés à maitriser.
Pour le prévenir, les recettes sont les suivantes:
- Poser systématiquement les décals sur une peinture ou un vernis brillant
- Bouger le moins possible le décal (en clair, le poser "bon du premier coup")
- Bien chasser les bulles d'air
- Eventuellement, utiliser une solution d'assouplissement
- Vernir en brillant par dessus le décal
- Appliquer un verni de finition (mat ou satiné).
Le net regorge de littérature à ce sujet. Un maquettiste très recommandable puisqu' adepte de Terry Pratchett, a déposé sur son site un article remarquable à ce sujet:
http://su22m4.free.fr/decals.htm
Mais pour éviter autant que faire se peut le silvering, la solution la plus simple consiste à découper les décalcomanies au plus près des motifs, pour éliminer le film support. On se sert pour cela d'un couteau X-acto et d'un réglet, comme illustré sur les photos qui suivent...
La décalcomanie est immergée dans l'eau une dizaine de seconde avec une pince à épiler, puis déposée sur l'éponge. Notez que cette dernière émerge de l'eau.
Le temps nécessaire pour que le décal se détache de son support est très variable, en fonction de la marque, de l'âge de la planche, etc... Il faut compter entre 30 secondes et une minute, parfois d'avantage.
On vérifie régulièrement, avec un coton-tige mouillé, si le décal commence à glisser.
Quand ce moment est arrivé, on prépare la surface destinée à recevoir la décalcomanie en la mouillant avec de l'eau ou, mieux, de la solution adhérente.
On utilise un pinceau trempé dans l'eau (ou la solution), qu'on tamponne sur de l'essuie-tout pour éviter de noyer la surface.
Puis on humidifie la zone.
Et enfin on pose le décal. Reprenons avec un nouvel exemple, puisque visiblement, j'ai loupé quelque chose dans mon roman photo...
Détourage du décal, donc (je ne me suis pas trop cassé la tête sur celui là...).
Immersion du décal, dépose sur l'éponge, test pour vérifier qu'il se décolle...
On a préparé la surface avec de l'eau ou de la solution adhérente, puis vient le moment de vérité.
On prend le décal avec une pince à épiler, sur le papier support, à un endroit ou il n'y a pas de film support. Sinon, quand on va vouloir faire glisser le décal tout en le retenant avec la pince, ça va mal se passer....
On approche le papier support de l'endroit destiné à recevoir le décal, puis on fait glisser ce dernier vers sa position à l'aide d'un pinceau. C'est à ce stade que les bulles d'air peuvent se former, tachez donc de le plaquer au fur et à mesure qu'il glisse (plus facile à dire qu'à faire, j'en conviens...
Si le décal n'est pas à la position souhaité, il peut être glissé avec un pinceau ou un coton-tige humide.
Une fois en place, on chasse les bulles d'air avec un pinceau plat, du centre vers les bords.
Puis on enlève délicatement l'excédent d'eau avec de l'essuie-tout.
Les décals Matchbox sont de qualité médiocre, et ont mal vieilli... Des morceaux se sont détachés.
Pas de panique à bord, on laisse sécher, et on retrace la ligne en utilisant la technique de masquage vue plus haut.
Ni vu, ni connu... Notez au passage comme le film support de ces décals est mat.
Ca prend forme...
On poursuit, en détourant toujours autant que faire ce peut les motifs.
Et voilà, la séance de pose aura duré plus d'une heure.
Pour les formes torturées (comme les nacelles), certains décals ont nécessité le recours à une solution assouplissante. Si jamais vous devez utiliser cette dernière, respectez bien les préconisations données sur le site dont j'ai déjà donné le lien. Les décals vont se friper, ne paniquez pas, c'est tout à fait normal! Laissez au produit le temps d'agir.
Après 24 heures de séchage, tous les décals ont reçu une fine couche de vernis acrylique brillant, afin de faire disparaitre l'aspect mat du film support.
Malgré toutes mes précautions, un peu de silvering persiste par endroit. L'âge et la mauvaise qualité des décals est peut être en cause. Toutefois, le résultat global est sympa!
Vue d'ensemble du matériel utilisé. Notez les restes de papiers support: il y a eu pas mal de découpes!
Vient maintenant la question du vernis de finition: brillant, satiné ou mat?
Pour ma part, et vue le reflet de la nacelle sur le fuselage sur la photo ci-dessous, l'avion va rester brillant. Donc pas de vernis supplémentaire!
On peut maintenant démasquer la verrière...
Et voilà notre YA-10A presque terminé. Restent à s'occuper du train d'atterrissage, et des charges externes.